vendredi, 5 août 2011

Importante journée de manifestation

Hier fut une importante journée de mobilisation à Santiago. Dans la continuation du mouvement de contestation dont j'ai déjà parlé, une première manifestation le matin a réuni les étudiants des collèges et en fin de journée, c'était au tour des universitaires ainsi que des travailleurs de se retrouver. Point de rassemblement ? La plaza Baquedano, juste devant chez moi ! Et évidemment, les deux manifestations n'étaient pas autorisées. Le dispositif policier mis en place était incroyable ! A chaque coin de rue, des policiers et des machines imposantes donnaient un visage de guerre à la ville.


L'objectif principal pour la police semblait être d'éviter le rassemblement sur la place et de disperser dans toutes les directions tout groupe de plus d'une dizaine de personnes. Pas de retenue sur les moyens, canons à eau et lacrymogènes ont été utilisés largement. Sur la photo suivante, l'ellipse rouge indique l'emplacement de notre appartement... et la place devant, c'est la plaza Baquedano...


La cavalerie a également été appelée en renfort...




Pour faire les photos, je me déplace essentiellement avec les journalistes, me faisant ainsi passer pour l'un des leurs. L'appareil photo reflex aide déjà pas mal. Je crois que je passe assez facilement pour un journaliste étranger... Et il faut dire que l'événement était bien couvert par les médias nationaux. Toute la journée, les télévisions des cafés et des magasins montraient les images en direct des incidents dans la ville. Ici, les caméras braquées sur un manifestant s'exprimant sur les motivations de la mobilisation donnent une idée de la couverture médiatique.


Comme je l'ai déjà dit dans l'un de mes premiers messages, les manifestations ont pour objet principal le système d'éducation. Les problèmes sont nombreux, mais une des conséquences principales est l'endettement des étudiants. Quand on sait que le revenu minimum est d'environ 264 € par mois et que chaque mois de cours coûte entre 200 et 500 € [1], on imagine facilement la difficulté pour de nombreuses familles. Pour donner une idée, le site yodebo.cl [2] permet aux étudiants d'inscrire le montant de leur dette. Sur la base des informations du 5 août, la moyenne pour les 5148 étudiants inscrits est d'environ CHF 21'000.- !

Une des revendications est la renationalisation du système d'éducation, afin de financer l'éducation par une contribution collective et non pas par les étudiants eux-mêmes.

Il faut savoir que le Chili a été un laboratoire du libéralisme dès le début des années 70, notamment pour les économistes américains durant la dictature de Pinochet [3]. Ainsi, une importante vague de privatisation a ouvert le marché aux investisseurs étrangers, avec toutefois un contrôle de l'état ayant visiblement permis au pays de s'assurer une situation économique stable et meilleure que les autres pays d'Amérique du Sud. Toutefois, la privatisation du système d'éducation a conduit à une importante perte de qualité et aux autres problèmes abordés. Les revendications actuelles peuvent ainsi se résumer en une éducation publique, gratuite et de qualité [4].


[1]http://www.temoignagechretien.fr/ARTICLES/International/Les-etudiants-chiliens-contre-lultra-liberalisme/Default-3-2769.xhtml
[2] http://www.yodebo.cl/
[2] http://www.liberation.fr/monde/010135619-une-exception-chilienne-nourrie-au-liberalisme
[4] http://fech.cl/blog/2011/04/30/demandas-confech/

2 commentaires:

  1. Hello!

    Merci pour ton blog, c'est super intéressant! J'ai pensé à toi en lisant la Tribune de Genève, on y parle des manifestations:
    http://www.tdg.ch/depeches/monde/violences-manifestations-massives-greve-nationale
    et
    http://www.tdg.ch/depeches/monde/chili-violences-manifestation-masse-2e-jour-greve-nationale
    Ca n'a pas l'air terrible...

    Bonne fin de séjour!

    Nico-MMM

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  2. Hello !
    Merci pour le message. En effet, c'est un peu animé ici, même si les scènes présentées dans les médias européens ne sont pas le quotidien ici et lorsqu'elles ont lieu, elles sont localisées dans la ville.
    C'est plus un problème pour les étudiants qui ont perdu avec leur grève déjà plus de la moitié du semestre et les discussions actuellement se dirigent vers une suppression du semestre actuel... situation pas toujours facile !

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